Entrée en matière.

Après que le professeur D'Arcy et moi nous soyons vus, je retrouvai mes affaires dans le dortoir. J'eus quelques difficultés à trouver le chemin, perdant quelques heures précieuses à errer dans l'immense château. Finalement, je trouvai la partie qui m'était réservée. J'avais accroché ma nouvelle insigne de préfet sur le revers de ma robe noire, parfaitement taillée à ma mesure, qui contrastait violemment avec mes cheveux en bataille.

Je montais les escaliers et entrai dans la salle commune. La soirée touchait à sa fin et je n'étais pas parmi les autres à me repaître. J'ingurgitai quelques biscuits allemands, tout en regardant les tableaux mouvants d'un oeil désabusé.

Je dressai mon emploi du temps, accoudée sur la table, le regard perdu dans les flammes dansantes du feu de bois. J'avais hâte que les cours débutent, pour voir quel niveau était requis ici. D'un coup d'oeil, je vérifiais que mon balais était bel et bien encore emballé et souris. J'avais également hâte de pouvoir revoler.

Je préparai mon sac et sortis quelques manuscrits. Je relus quelques notes.

A la lueur du feu, je me mis à écrire, l'histoire d'un vaillant prof de philo devenant justicier la nuit, dans une ville corrompue jusqu'à la voie publique. C'était assez intéressant et l'homme se nommait Fitzwilliam. Je m'attribuais le beau rôle de ce roman, l'écrivant par pur amusement.

J'espérais que je n'allais pas effrayer les plus jeunes et que les plus vieux m'acceptent parmi eux...

Ce qui n'était pas gagné.

Je poussai un soupir, caressant mon paquet de cigarettes qui me faisait de l'oeil. Désormais, n'étant plus en allemagne, je n'avais plus les mêmes prérogatives qu'autrefois...

Tant pis.

J'étais seul, comme d'habitude, j'aime pas les autre vous dites ? Ouais en partie, mais, j'aime être seul, réfléchir a ma vie, moi, ma famille et le monde ou je suis tombé.
Il y a juste la lumière du feu qui éclaire mon visage, brille juste mes yeux violet grand ouvert, je suis plongée dans mes pensées, je devrais être entrain de manger, me faire des amis, rire et m'amuser, discuter de tout et de rien avec des inconnus qui deviendrons mes amis sur qui je pourrais compter...
Un mince sourire étire mes lèvres, je suis asocial de toute façon, je suis assis en tailleur sur le fauteuil pourpre de la salle commune devant le feu, des pas ?
Quelqu'un arrive...je tourne la tête, c'est un homme ? Une Fille ? Un mélange des deux, j'arrive pas a distinguer, il ou elle est entrain d'écrire, je ne vais pas déranger, l'écriture est un moyen de libération a ne violer sous aucun prétextes...Je préfère rester sur mon fauteuil et attendre que l'autre vienne a moi...

La porte se referma. Je ne levai pas mes yeux de mon manuscrit, fascinée par la tournure que prenait ce personnage que je pensais connaître.
Je terminai mon chapitre, avec un petit soupire. Je rangeai mes affaires et me levai. Mon regard triste tomba sur un jeune homme assis en tailleur sur un fauteuil, silencieux, comme perdu dans ses pensées. Je lui souris. Allez, premier visage jeune que je voyais, il fallait bien que je me réjouisse de cette première rencontre.

- Bonsoir.

Ma voix un peu rauque, un peu grave, me surprit. J'avais un comportement si différent lorsque je m'adressais à quelqu'un d'autre que ma gouvernante et mes parents...

Je souris néanmoins.

- Je m'appelle Alexandra Van Heidegger. Je viens d'arriver. Je suis en dernière année. Je viens de l'académie de magie allemande. Contente de voir quelqu'un.

J'étais dans un état second, comme si je dormais, puis une voix me tira de mes pensées, j'ouvris mes yeux et me tourna vers la personne, une fille visiblement, si je me trompais pas, elle avait une voix grave pour une fille, et moi assez aiguë pour un mec, un contraste qui me fit sourire.

Bonsoir, enchanté, je me nomme Khaell, je suis en première année, je viens d'Irlande.

J'avais utilisé une voix calme, douce et surtout assez basse, nous étions deux dans la pièce, elle était plutôt pas mal...Enfin, on dirait un homme mais je la trouve jolie...Pourquoi je discute avec ma conscience..? Bonne question je ne saurais répondre, elle a arrêtée d'écrire, bon je devrais peut être parler, c'est un silence presque dérangeant...

Comment allez vous...?

Il avait l'air aussi timide que moi. Je lui souris, bienveillante.

Première année? Il semblait quand même légèrement vieux pour cette catégorie... Quoique ma vue pouvait m'abuser. J'esquissais un nouveau sourire.

- Tout le plaisir est pour moi, Khaell.

Je repoussais une des mèches qui me tombaient devant les yeux et jetai un coup d'oeil autour de moi.

- Sympathique salle commune. Cela change de l'austérité allemande.

En effet, mon ancienne académie était aseptisée, un bunker qui avait servi à des juifs de survivre à l'Extermination.

- Je vais bien et... Tu peux me tutoyer, je n'ai pas plus d'honneur ou de pureté dans le sang qu'un autre.

Je n'aimais pas ce genre de marque de respect. En Allemagne, j'étais perpétuellement assommée par les : Ma Dame, Baronne de Heidegger, Madame la comtesse, votre altesse, blablabla... Je n'étais qu'une humaine, après tout, pourquoi vouloir faire des distinctions là où il n'y a pas lieu? Je ne me suis juste donné la peine de naître, pas d'exister.

- Et toi, comment vas-tu? Le repas s'est fini depuis longtemps?

Je déportais mon regard sur le feu, comment j'allais ? Autant taire mes malheurs non ? Bon, on va dire que tout va bien, faut juste que je chiale pas en pensant a mes parents, super simple ! Tsss, plus simple a dire qu'a faire...J'avais tout lâché pour une vie de sortilèges...Digne d'un compte.

On va dire que je vais bien...Pour le repas, j'en suis désolé mais je ne sais pas...

Ma voix n'avait pas changé, toujours basse, comme une légère bise...Je ferme les yeux quelque secondes, le visage de mes parents faut pas que j'y pense, j'ouvre les yeux, fixant toujours le feu, qui se ravive d'un coup...Surement un artifice de la salle, je passe doucement mes doigts sur les cicatrices a mes poignets,

C'est vrai que c'est assez jolie...

C'est certes sympa, mais je préfère ma chambre Irlandaise, et la bière...Autant ne plus penser a cela, je détourne mes grands yeux violets vers Alexandra, je dois surement paraitre pour un dépressif...Pas grave remarque, je dois l'être dans le fond.

- Ne t'en fais pas, ce n'est pas très important.

Je soupirai et m'étirai.

- C'était juste pour savoir quand je serais obligée de faire face à mes nouveaux amis. Ou ennemis.

Je lui montrai mon insigne.

- Ils ont décidé de m'élire préfète avant même que je ne sois arrivée... Probablement mes résultats à l'académie allemande, je ne sais pas... A moins que Fitzwilliam n'ait fait pression...

Un nouveau soupire, je passai un pan de ma robe par-dessus.

- J'ai appris qu'il n'était pas très apprécié par les élèves... C'est bien dommage. C'est un bon enseignant.

Je regardai un instant Khaell. D'accord, il était évident qu'il fallait que je lui explique la situation présente avec le prof de philo/divination.

- Il a été un frère pour moi. Il m'a tout enseigné, la philo, la vie... Pour que je renie mes origines nobles et que j'ailles au-delà, en dépit des espérances des Heidegger, il fallait qu'il soit une véritable révélation. C'est pour ça que j'ai choisi de le suivre. Jusqu'au bout. Il est un modèle pour moi, je ne pouvais me permettre de le perdre de vue.

Un sourire.

- Mais, tu me sembles un peu ailleurs. Quelque chose ne va pas, lui demandai-je d'une voix plus douce?

Je ne connaissais pas se prof et a vrai dire, ça me faisait pas grand chose, enfaite, moins je connaissais de monde, mieux j'étais...Si j'allais bien, la question qui tue, les gens sont beaucoup trop curieux pour moi...Enfin ca dois etre normal, la nature humaine.

Pour tout v..te dire non...

Rhaa...j'arrive pas a tutoyer les gens que je connais pas c'est horrible, bon, je vais faire avec.

Je suis venu ici sans rien dire a mes parents et ils me manquent...Je voudrais pas v...t'ennuyer avec mes problèmes.

Préfet ? Rien que ça, hé ben, plutôt charmante et sympathique pour une ''grande'' dame.

Il semblait avoir quelques difficultés avec le tutoiement. Je pouvais le comprendre. Je lui souris gentiment, pour le mettre en confiance. J'arrivais naturellement à instaurer une ambiance chaleureuse, plus propice à la discussion qu'un climat glacial et formel.

Je hochai la tête. Il venait de m'expliquer pour ses parents.

- Je comprends. Moi, j'ai claqué la porte du manoir familiale, et j'ai décidé de prendre en main mon destin. J'avoue que cela peut paraître difficile... Mais au bout d'un moment, il faut savoir s'envoler et commencer une nouvelle vie. Quelles que soient les difficultés.

Un bref soupir.

- Tu reverras tes parents. Même si tu n'as pas d'autorisation de sortie.

Un clin d'oeil.

- Et tu ne m'ennuies pas du tout. Tu es le premier visage amical que je croise, je suis ravie de pouvoir engager la conversation.

Un sourire.

- Et puis, je n'ai pas grand chose à dire, ma vie est tellement peu passionnante...